En retraite depuis le 1er juin, je me faisais une joie de pouvoir enfin partir en vacances en dehors des vacances scolaires. Mais loupé ! Nous devions partir en juin vers le Nord : Pays-bas, Danemark, en passant par Bruxelles, mais il faisait froid, il n'arrêtait pas de pleuvoir, nous y avons renoncé. Puis 15 jours en septembre pour faire le tour de la Corse : nous avons dû annuler à cause de ma sciatique. Alors pour mon anniversaire, je voulais vraiment marquer le coup et partir quelque part. Nous avons choisi Porto, pour sa proximité et la douceur de son climat : une semaine du 01 au 08 octobre.
Notre hôtel (01) s'appellait Pão de Açúcar (prononcer "Paon dé essoukarrrrr"), ça veut dire "Pain de sucre", ne me demandez pas pourquoi... Il était rudement bien situé rue d'Almada, en plein centre, à 200 mètres de l'Hôtel de Ville, à 300 mètres de l'Office du Tourisme et près de nombreux sites que nous avons pu visiter à pied (en rouge sur la carte ci-dessous : cliquer pour agrandir).
La décoration est très vintage, années
60 : nous étions morts de rire en visitant le bar (03-08) et depuis l'escalier
(09), on voyait tous les accessoires exposés dans les différents
étages (10-23). On s'est dépêchés de prendre des
photos tellement on rigolait, il y avait de tout : autos tamponneuses, fauteuil
de dentiste, pompe à essence, magnétophone à bandes, vieux
aspirateurs, télévision, chaise de bébé en bois,
réfrigérateur, cocottes, séchoir, caisse enregistreuse,
balances, et même une valise en carton !
Un autre bar, ouvert le soir, se trouvait sur la terrasse au sixième
étage (24-26) : de là on voyait très bien le clocher de
l'Hôtel de Ville, nous y sommes passés prendre un verre plusieurs
fois.
La chambre (27-28), spacieuse, était équipée de 2 grands
lits très confortables, et dans la salle de bains (29-30), la douche
devait sans doute prendre la place d'une ancienne baignoire car elle était
immense, avec un tabouret pour pouvoir s'asseoir : très pratique.
Au début, nous avons eu du mal à trouver des restaurants. Il y
en avait plein mais les menus étaient en portugais (ou pas de menu du
tout), on n'y comprenait rien. Une fois, on a voulu goûter la spécialité
du Portugal, dont ils sont très fiers : la Francesinha
(31), une imitation de croque-monsieur recouvert de plusieurs tranches de fromage
dégoulinant sur les côtés, le tout trempant dans une sauce
tomate épicée. Si vous voulez une recette, en voici une
(mais franchement c'est pâteux, écoeurant et dégueu). Et
dire qu'il est considéré comme un des dix meilleurs sandwichs
du monde !...
Mais nous ne cherchions pas du bon côté (32). Les 3 premiers repas
n'ont pas été réussis, mais ensuite, nous sommes partis
de l'autre côté et là nous avons vite trouvé notre
bonheur ! En particulier le Via Garrett (33-36), en face de l'Hôtel
de Ville, on y a vite pris nos habitudes : quand on arrivait, le patron posait
sur notre table un verre de Porto. Au début, Mimi le pensait roublard,
mais non, il était sympa comme tout et empressé (36) : il a apporté
à Mimi un couteau à steak pour couper sa viande, et à moi
une petite assiette pour me débarrasser des arêtes de poisson.
Vous noterez qu'au Portugal, le verre de vin ne fait pas 12 cl, mais 25 cl (33).
La pendule était à l'envers, mais elle fonctionnait parfaitement
(35). On a mangé des cotelettes de veau, et surtout du poisson : daurade,
morue, loup de mer, sardines, risotto (34)...
Une autre spécialité du Portugal, bien meilleure que la Francesinha,
c'est le Pastel
de Nata (au pluriel Pastéis) : une petite tartelette
à la crème en pâte feuilletée (37). Cette pâtisserie
a été créée au XIXe siècle par des religieuses
du monastère des Hiéronymites, situé dans le quartier
de Belém à Lisbonne. Les moines les vendent ensuite dans
une petite boutique proche du monastère, la Fábrica
dos pastéis de Belém. Celle-ci est, depuis sa création
en 1837, la seule à pouvoir vendre les pastéis de Belém
originaux, les autres s'appellent pastéis de nata. On les consomme
saupoudrés de sucre ou de cannelle, c'est délicieux !
Il y avait 3 agences de bus touristiques : yellowbus, redbus et bluebus (voir dernier paragraphe). Nous avons comparé les itinéraires à l'Office du Tourisme, nous n'avons pas bien compris les différences... Nous avons demandé des renseignements à l'hôtel, ils ne vendaient que des billets pour le yellowbus, nous avons donc pris des billets pour 2 jours : avec ça, on peut monter et descendre comme on veut tout le long du parcours. Nous constatons que cette méthode se développe vraiment partout où nous allons, nous avions trouvé la même chose à Barcelone. En plus, on a droit à des écouteurs avec les explications dans 9 langues différentes (et lors de nos différentes montées/descentes, nous avons récupéré plein d'écouteurs oubliés). Finalement, nous avons bien fait de prendre le yellowbus, car c'était le seul qui menait aussi loin jusqu'à la plage de Matosinhos (cliquer sur les cartes pour agrandir).
Les 2 trajets du Yellowbus
(lignes orange et violette)
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Trajet du premier jour
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Le premier jour, nous avons pris la ligne violette, l'arrêt se trouvait à 3 minutes de notre hôtel : nous avons d'abord fait le tour du centre ville, puis nous avons longé le Douro jusqu'à la plage et ses deux châteaux, jusqu'au village de Matosinhos et son terminal de croisière (01-02), tout au bout tout en haut (7-8 km). Matosinhos est un village de pêcheurs qui a payé un lourd tribut à la mer : pour preuve la sculpture Tragédie en mer (03), de Jose Joao Brito, d'après un tableau d'époque d'Augusto Gomes, rappelle la plus grande tragédie nautique jamais enregistrée sur les eaux portugaises, la tempête de décembre 1947, causant la mort de 152 membres d'équipage.
Nous avions commencé la balade sous un beau soleil, puis la brume est tombée sur la plage (04-05), mais ça avait un certain cachet. Puis le soleil est revenu, comme par magie, et nous avons pu continuer notre visite du Fort Sao Francisco Xavier (Castelo do Queijo, Château du Fromage en français). Ce surnom lui vient du rocher de granit sur lequel il a été érigé et dont la forme rappelerait celle d’un fromage. Ce château en granit fut construit en 1661 pour assurer la protection de la ville en surveillant les vaisseaux ennemis venant de l’Atlantique. Sa structure fut lourdement endommagée lors du siège de Porto (1832-1833), il tomba en ruine au milieu du XVIIe siècle. Aujourd’hui restauré, il abrite un petit musée militaire. C'est un bel ensemble architectural dont les divers moyens de défense ont été fidèlement reconstitués (06-11).
Nous avons continué notre balade sur la plage
(12-14), bénéficiant d'une belle vue sur le Castelo do Queijo.
C'est ainsi que nous sommes arrivés à la "sculpture"
de Janet Echelman : "Elle change", plus connue sous
le nom d'Anémone (15-17). L'installation représente un filet de
pêche qui ondule au vent, d'où son nom. Les trois poteaux de support
font entre 25 et 50 m de hauteur pour suspendre la bague en acier de 20 tonnes
et 45 m de diamètre, ils sont peints en blanc avec des bandes rouges pour faire
référence aux cheminées et phares avoisinants. Le filet est tissé à partir de
36 sections individuelles de densités variables, qui lui donnent sa forme. Voici
l'oeuvre en mouvement ici,
on se rend compte beaucoup mieux.
Janet Echelman est un sculpteur et artiste américain née en 1966. Elle
aime construire des environnements de sculptures vivantes et respirantes qui
répondent aux forces de la nature (vent, eau, lumière) : vous trouverez ici
une vidéo sur la construction de l'Anémone et la réaction
des spectateurs, plutôt positive. En tout cas, ça nous a beaucoup
plu !
Nous avons continué notre promenade le long de l'estuaire du Douro (avec vue sur le pont Arrabida : 18-19), jusqu'au bout de la jetée (20-23) où nous nous sommes faits copieusement arroser par les vagues !
Nous avons fini par le Forte de São João Baptista da Foz ou Castelo da Foz de Douro (24-28) : commencé en 1567 sous le règne de la régente Catherine, il constituait un bastion de défense à l'embouchure de la rivière Douro, autour de l'église Saint-Jean-Baptiste. Il appartient aujourd'hui à la Défense Nationale.
Nous avons repris la ligne orange du Yellowbus pour revenir en centre ville avec et nous sommes descendus sur les quais de la Ribeira pour continuer à pied le long du Douro (cliquer sur la carte).
Promenade très agréable avec des vues
magnifiques sous un soleil tapant. Le Douro constitue un élément essentiel
de Porto, c'est un axe de communication très important reliant l’arrière-pays
à la mer. Les quais, dans le quartier de la Ribeira, ou "Cais
da Ribeira", sont classés au patrimoine mondial de l’UNESCO
depuis 1996. Ils ont fait l’objet de travaux de restauration ces dernières années,
les maisons sont très colorées (01-07), décorées
d'azulejos (carreaux ou ensemble de carreaux de faïence décorés : 06).
C'est très agréable de s'y promener, aussi bien sur les quais
très ensoleillés que dans les étroites ruelles à
l'ombre qui montent et descendent (05).
Nous
sommes passés au pied de l'Ascensor da Ribeira (08) qui permet
d'avoir gratuitement une belle vue sur les quais (vidéo ici).
Nous ne l'avons pas utilisé, mais ce n'est pas grave, nous avons eu bien
mieux ensuite.
Je ne voulais pas manger en plein cagnard, nous
avons donc traversé le Pont Dom-Luís (ou Pont Louis Ier
: 09-14), très célèbre à Porto. Non, ce n’est pas
Gustave Eiffel qui l'a construit mais son disciple, l’ingénieur Théophile
Seyrig, entre 1881 et 1886. C’est vrai qu’on reconnaît tout de suite
le style. Il possède deux tabliers : inférieur pour la circulation routière
et les piétons, supérieur pour le métro et les piétons
(20, 25). Il est inscrit au Patrimoine Mondial de l'Unesco.
Sur le côté du pont, on peut
voir le Funiculaire dos Guindais (12-13) qui permet de rejoindre la ville
haute pour 2 € en évitant d'escalader les 200 marches. On remarque
la partie inférieure de la cabine en forme de soufflet qui lui permet
de rester horizontale, alors que la pente n'a pas toujours la même inclinaison
(vidéo ici).
D'une longueur de 281 m, la piste a un dénivelé de 61 m. Le funiculaire
est constitué de 2 cabines qui se croisent, chaque cabine pouvant contenir
25 passagers. Il a été inauguré en 2004.
De l'autre côté du pont se trouve la
ville moderne Vila Nova de Gaia (16-21) : quelques bateaux chargés de
tonneaux de Porto (19) sont là pour nous rappeler que de l'autre coté du Douro,
ce sont les caves des vins de Porto. Car si les vignes sont à une centaine de
km, près de Régua, en remontant la vallée du Douro, c'est ici
que le Porto vieillit en cave. C'est de ce côté que nous avons
choisi de déjeuner pour ne pas être en plein soleil. Mais finalement
à l'ombre, on supportait bien sa petite laine, et j'ai accepté
volontiers la couverture que le restaurant, prévoyant, proposait à
ses clients (17-18) ! Nous n'avons même pas visité de cave...
Nous avons pris le téléphérique aperçu sur la photo
15 pour rejoindre le deuxième niveau du pont Dom Luis : de là
nous avions une vue magnifique sur le Douro, les bateaux, les ponts, la ville
de Porto en face (22-29), mais ça ne durait pas longtemps (pas plus de
4 min) ! En montant dans la cabine, on nous a pris en photo, et une fois arrivés
en haut, on nous proposait déjà notre portrait ! (30). Nous l'avons
pris, ça nous fera un souvenir...
Nous sommes arrivés au niveau du Monastère da Serra do Pilar (31),
un ancien couvent construit entre 1538 et 1670. En 1832, lors du Siège de Porto,
le couvent fut transformé en forteresse improvisée. Au début du XXe siècle,
il devint Caserne des Troupes. De là
nous avons pu nous balader sur le deuxième étage du pont Dom
Luis, à peine séparés du métro par des petits
piquets (32), et prendre encore quelques magnifiques photos (33-34). Ici
une vidéo de la vue du deuxième étage du pont et du monastère,
je n'aurais pas fait mieux !
Puis nous sommes redescendus par le téléphérique où
nous nous sommes fait tirer le portrait encore une fois ! Et nous sommes rentrés
à notre hôtel en reprenant le Yellowbus.
Le tour de ville en Yellowbus nous avait permis de nous rendre compte que nous étions très bien placés pour visiter plein de choses à pied, nous en avons profité.
Nous avons commencé par la librairie Lello & Irmao ("irmão" veut dire "frère" en portugais), la cathédrale des livres de Porto (01-08) : de style néogothique, elle a été inaugurée en 1906. Elle a été une source d’inspiration importante pour JK Rowling dans ses livres de Harry Potter (JK Rowling a vécu à Porto 2 ans en tant que professeur d’anglais). La première chose qu’on remarque, c’est l’imposant escalier double en bois dont les marches sont recouvertes d’une laque rouge carmin (03). On remarque aussi les rails au sol, qui permettaient autrefois de transporter les livres d’un bout à l’autre de la librairie, dans de petits wagonnets (04). Les vitraux, verrières, candélabres, plafonds sculptés sont très travaillés (05-07). Le vitrail au plafond représente un forgeron avec la devise "Decus in labore" qui signifie "Honneur dans le travail".
L'Eglise des Carmes (Igreja do Carmo : 09-10) a été construite au XVIIIe siècle dans le style baroque rococo (16). Elle se trouve en face de la Fontaine aux Lions (11-12). La façade latérale est recouverte d'une immense composition d’azulejos dessinés en 1912 par Silvestre Silvestri (13-14). Sur la façade (15), on voit très bien à droite l'Eglise des Carmes séparée de l'Eglise des Carmélites, à gauche, par une petite "maison" de un mètre de large, en raison d’une loi qui interdisait deux églises d’avoir des murs mitoyens. L’église du Carmo avait été bâtie pour les frères Carmes, tandis que sa jumelle avait été bâtie pour les soeurs carmélites.
Devant l'Eglise des Carmes se trouve le Jardim de la Cordoaria (17-20), ainsi nommé parce que s'y trouvait un établissement de cordeliers. C'est un parc assez grand avec une abondante végétation, des bancs (18), des statues (19-20), un bassin avec une fontaine ornementale et diverses sculptures comme le monument dédié à Ramalho Ortigão (21), un écrivain portugais (1836-1915), ou celui qui commémore les martyrs de la patrie, comme l'évêque de Porto, Dom António Ferreira Gomes (22) qui eut le courage de critiquer la politique de la dictature salazariste et le paya par l'exil (1906-1989).
Au bout du Jardim de la Cordoaria, on arrive à la Torre dos Clerigos (Tour des Clercs). La Torre dos Clérigos (23-24), d’une hauteur de 76 mètres, était le plus haut édifice du Portugal au moment de sa construction (entre 1754 et 1763), et c’est toujours le plus haut clocher du pays. Elle a longtemps servi de phare pour les navires rentrant au port de Porto, depuis elle offre un très beau panorama sur la ville (pas eu le courage de monter)... L’Eglise des Clercs (29-30) est une authentique œuvre baroque du XVIIIe siècle. L’intérieur (25-28) en granit et en marbre est revêtu de bois sculpté doré baroque. Elle fait face à l'Avenue dos Clerigos (31) où on retrouve encore des specimens d'azulejos (32).
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