Porto 2016

En retraite depuis le 1er juin, je me faisais une joie de pouvoir enfin partir en vacances en dehors des vacances scolaires. Mais loupé ! Nous devions partir en juin vers le Nord : Pays-bas, Danemark, en passant par Bruxelles, mais il faisait froid, il n'arrêtait pas de pleuvoir, nous y avons renoncé. Puis 15 jours en septembre pour faire le tour de la Corse : nous avons dû annuler à cause de ma sciatique. Alors pour mon anniversaire, je voulais vraiment marquer le coup et partir quelque part. Nous avons choisi Porto, pour sa proximité et la douceur de son climat : une semaine du 01 au 08 octobre.

 

Notre hôtel et ses environs

Notre hôtel (01-02) s'appellait Pão de Açúcar (prononcer "Paon dé essoukarrrrr"), ça veut dire "Pain de sucre", ne me demandez pas pourquoi... Il était rudement bien situé rue d'Almada, en plein centre, à 200 mètres de l'Hôtel de Ville, à 300 mètres de l'Office du Tourisme et près de nombreux sites que nous avons pu visiter à pied (en rouge sur la carte ci-dessous : cliquer pour agrandir).

La décoration est très vintage, années 60 : nous étions morts de rire en visitant le bar (03-08) et depuis l'escalier (09), on voyait tous les accessoires exposés dans les différents étages (10-23). On s'est dépêchés de prendre des photos tellement on rigolait, il y avait de tout : autos tamponneuses, fauteuil de dentiste, pompe à essence, magnétophone à bandes, vieux aspirateurs, télévision, chaise de bébé en bois, réfrigérateur, cocottes, séchoir, caisse enregistreuse, balances, et même une valise en carton !
Un autre bar, ouvert le soir, se trouvait sur la terrasse au sixième étage (24-27) : de là on voyait très bien le clocher de l'Hôtel de Ville, nous y sommes passés prendre un verre plusieurs fois.
La chambre (28-29), spacieuse, était équipée de 2 grands lits très confortables, et dans la salle de bains (30-31), la douche devait sans doute prendre la place d'une ancienne baignoire car elle était immense, avec un tabouret pour pouvoir s'asseoir : très pratique.
Au début, nous avons eu du mal à trouver des restaurants. Il y en avait plein mais les menus étaient en portugais (ou pas de menu du tout), on n'y comprenait rien. Une fois, on a voulu goûter la spécialité du Portugal, dont ils sont très fiers : la Francesinha (32), une imitation de croque-monsieur recouvert de plusieurs tranches de fromage dégoulinant sur les côtés, le tout trempant dans une sauce tomate épicée. Si vous voulez une recette, en voici une (mais franchement c'est pâteux, écoeurant et dégueu). Et dire qu'il est considéré comme un des dix meilleurs sandwichs du monde !...
Mais nous allions vers le centre ville au sud (33). Les 3 premiers repas n'ont pas été réussis, mais ensuite, nous sommes partis dans l'autre sens et là nous avons vite trouvé notre bonheur ! En particulier le Via Garrett (34-37), en face de l'Hôtel de Ville, on y a vite pris nos habitudes : quand on arrivait, le patron posait sur notre table un verre de Porto. Au début, Mimi le pensait roublard, mais non, il était sympa comme tout et empressé (37) : il a apporté à Mimi un couteau à steak pour couper sa viande, et à moi une petite assiette pour me débarrasser des arêtes de poisson. Vous noterez qu'au Portugal, le verre de vin ne fait pas 12 cl, mais 25 cl (34). La pendule était à l'envers, mais elle fonctionnait parfaitement (36). On a mangé des cotelettes de veau, et surtout du poisson : la spécialité la morue ("bacalau" en portugais), daurade, loup de mer, sardines, risotto (35)...
Une autre spécialité du Portugal, bien meilleure que la Francesinha, c'est le Pastel de Nata (au pluriel Pastéis) : une petite tartelette à la crème en pâte feuilletée (38). Cette pâtisserie a été créée au XIXe siècle par des religieuses du monastère des Hiéronymites, situé dans le quartier de Belém à Lisbonne. Les moines les vendent ensuite dans une petite boutique proche du monastère, la Fábrica dos pastéis de Belém. Celle-ci est, depuis sa création en 1837, la seule à pouvoir vendre les pastéis de Belém originaux, les autres s'appellent pastéis de nata. On les consomme saupoudrés de sucre ou de cannelle, c'est délicieux !

Cliquer sur la photo ci-dessous pour voir l'hôtel. Rôle des 2 icônes en haut à droite : celle de gauche pour cacher/montrer les petits points en bas (thumbnails), celle de droite pour passer en plein écran (Expand. Echap pour en sortir).

 

La Plage

Il y avait 3 agences de bus touristiques : yellowbus, redbus et bluebus (voir dernier paragraphe). Nous avons comparé les itinéraires à l'Office du Tourisme à côté, nous n'avons pas bien compris les différences... Nous avons demandé des renseignements à l'hôtel, ils ne vendaient que des billets pour le yellowbus, nous avons donc pris des billets pour 2 jours : avec ça, on peut monter et descendre comme on veut tout le long du parcours (on appelle ça Hop On Hop Off Bus). Nous constatons que cette méthode se développe vraiment partout où nous allons, nous avions trouvé la même chose à Barcelone. En plus, on a droit à des écouteurs avec les explications dans 9 langues différentes (et lors de nos différentes montées/descentes, nous avons récupéré plein d'écouteurs oubliés). Finalement, nous avons bien fait de prendre le yellowbus, car c'était le seul qui menait aussi loin jusqu'à la plage de Matosinhos (cliquer sur les cartes pour agrandir, les endroits visités sont entourés en rouge).

Les 2 trajets du Yellowbus (lignes orange et violette)
Trajet du premier jour

Le premier jour, nous avons pris la ligne violette, l'arrêt se trouvait à 3 minutes de notre hôtel : nous avons d'abord fait le tour du centre ville, puis nous avons longé le Douro jusqu'à la plage et ses deux châteaux, jusqu'au village de Matosinhos et son terminal de croisière (01-02), tout en haut au bout (une douzaine de km). Matosinhos est un village de pêcheurs qui a payé un lourd tribut à la mer : pour preuve la sculpture Tragédie en mer (03-06), de José João Brito, d'après un tableau d'époque d'Augusto Gomes, rappelle la plus grande tragédie nautique jamais enregistrée dans les eaux portugaises, la tempête de décembre 1947, causant la mort de 152 membres d'équipage. J'ai trouvé le récit de la catastrophe en anglais, je l'ai traduit en français, le résultat se trouve ici, c'est très émouvant.

Nous avions commencé la balade sous un beau soleil, puis la brume est tombée sur la plage (07-08), mais ça avait un certain cachet. Puis le soleil est revenu, comme par magie, et nous avons pu continuer notre visite du Fort Sao Francisco Xavier (Castelo do Queijo, Château du Fromage en français : 09-14). Ce surnom lui vient du rocher de granit sur lequel il a été érigé et dont la forme rappelerait celle d’un fromage. Ce château en granit fut construit en 1661 pour assurer la protection de la ville en surveillant les vaisseaux ennemis venant de l’Atlantique. Sa structure fut lourdement endommagée lors du siège de Porto (1832-1833), il tomba en ruine au milieu du XIXe siècle. Aujourd’hui restauré, il abrite un petit musée militaire. C'est un bel ensemble architectural dont les divers moyens de défense ont été fidèlement reconstitués.

Nous avons continué notre balade sur la plage l'après-midi (15-17), bénéficiant d'une belle vue sur le Castelo do Queijo. C'est ainsi que nous sommes arrivés à la "sculpture" de Janet Echelman : "Elle change", plus connue sous le nom d'Anémone (18-19). L'installation représente un filet de pêche qui ondule au vent, d'où son nom. Les trois poteaux de support font entre 25 et 50 m de hauteur pour suspendre la bague en acier de 20 tonnes et 45 m de diamètre, ils sont peints en blanc avec des bandes rouges pour faire référence aux cheminées et phares avoisinants. Le filet est tissé à partir de 36 sections individuelles de densités variables, qui lui donnent sa forme. La sculpture est conçue pour refléter le patrimoine maritime et industriel de Porto et de Matosinhos.
Voici l'oeuvre en mouvement ici, on se rend compte beaucoup mieux.
Janet Echelman est un sculpteur et artiste américain née en 1966. Elle aime construire des environnements de sculptures vivantes et respirantes qui répondent aux forces de la nature (vent, eau, lumière) : vous trouverez ici une vidéo sur la construction de l'Anémone et la réaction des spectateurs, plutôt positive. En tout cas, ça nous a beaucoup plu !

Nous avons continué notre promenade le long de l'estuaire du Douro (avec vue sur le pont Arrabida : 20-21), jusqu'au bout de la jetée (22-25) où nous nous sommes faits copieusement arroser par les vagues !

Nous avons fini par le Forte de São João Baptista da Foz ou Castelo da Foz de Douro (26-30) : commencé en 1570 sous le règne de la régente Catherine, il constituait un bastion de défense à l'embouchure de la rivière Douro, autour de l'église Saint-Jean-Baptiste. Il appartient aujourd'hui à la Défense Nationale.

Franchement, cette première journée fut particulièrement réussie ! Il n'y avait qu'à prendre le bus, se laisser conduire jusqu'au bout : on ouvre grand ses yeux, on écoute les commentaires, on monte on descend comme on veut, on déjeune dans un des nombreux restaurants de pêcheurs réputés de Matosinhos, on se balade sur la plage, on admire le paysage, on visite un château ou deux, il n'y a qu'à se laisser porter. Ca nous a vraiment bien plu.
Ici une vidéo de 1min42 qui montre un panoramique sur la plage avec son terminal de croisière, le château de Queijo, l'Anémone.
Une autre de 7min29 qui montre une virée en voiture depuis Matosinhos et ses restaurants de pêcheurs, en passant devant l'Anémone, la jetée, le fort de São João Baptista et continuant jusqu'aux quais de Ribeira à Porto (12 km) en passant sous le Pont Arrabida.

 

Les berges du Douro

Le lendemain nous avons repris la ligne orange du Yellowbus (arrêt n°2 à côté de l'hôtel), nous avons refait le tour de la ville pour le plaisir, puis nous sommes descendus (arrêt 21) sur les quais de la Ribeira pour continuer à pied le long du Douro (cliquer sur la carte).

Promenade très agréable avec des vues magnifiques sous un soleil tapant. Le Douro constitue un élément essentiel de Porto, c'est un axe de communication très important reliant l’arrière-pays à la mer. Il prend sa source en Espagne à 2 160 m d'altitude, il a une longueur de 897 km. Sur 112 km, il marque la frontière entre l'Espagne et le Portugal. Il devient portugais sur ses 213 derniers km et devient navigable avant de se jeter dans l'Océan Atlantique entre les villes de Porto et de Vila Nova de Gaia. La vallée du Douro est bordée de vignobles réputés, l'UNESCO a inscrit le vignoble de la vallée du Haut Douro sur la liste du Patrimoine mondial de l'humanité dans la catégorie des paysages culturels le 14 décembre 2001.

Les quais, dans le quartier de la Ribeira, ou "Cais da Ribeira", sont classés au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1996. Le quartier a fait l’objet de travaux de restauration ces dernières années, il fait face à la Vila Nova de Gaia, située de l'autre côté du fleuve. On y trouve des petits commerces aux nombreux restaurants typiques, les maisons sont très colorées (01-07), décorées d'azulejos (carreaux de faïence décorés : 06). C'est très agréable de s'y promener, aussi bien sur les quais très ensoleillés que dans les étroites ruelles à l'ombre qui montent et qui descendent (05).
Nous sommes passés au pied de l'Ascensor da Ribeira (08) qui permet d'avoir gratuitement une belle vue sur les quais. L'Elevador da Ribeira est un ascenseur public qui relie le quartier de Ribeira jusqu'au milieu de la pente de Barredo, au moyen d'un ascenseur vertical et d'une passerelle. Il a été conçu par l'architecte António Moura et son inauguration le 13 avril 1994 a été suivie par le président Mário Soares. L'ascenseur est ouvert du lundi au vendredi de 08h00 à 20h00 (vidéo ici). Nous ne l'avons pas utilisé, mais ce n'est pas grave, nous avons vu bien mieux ensuite.

Je ne voulais pas manger en plein cagnard, nous avons donc traversé le Pont Dom-Luís (ou Pont Louis Ier : 09-14), très célèbre à Porto. Non, ce n’est pas Gustave Eiffel qui l'a construit mais son disciple, l’ingénieur Théophile Seyrig, entre 1881 et 1888. C’est vrai qu’on reconnaît tout de suite le style. Il possède deux tabliers : inférieur pour la circulation routière et les piétons (12, 14), supérieur pour le métro et les piétons (20, 25). Il est inscrit au Patrimoine Mondial de l'Unesco.
Sur le côté droit du pont, on peut voir le Funiculaire dos Guindais (12-13) qui permet de rejoindre la ville haute pour 4 € en évitant d'escalader les 200 marches. On remarque la partie inférieure de la cabine en forme de soufflet qui lui permet de rester horizontale, alors que la pente n'a pas toujours la même inclinaison (vidéo ici). D'une longueur de 281 m, la piste a un dénivelé de 61 m. Le funiculaire est constitué de 2 cabines qui se croisent, chaque cabine pouvant contenir 25 passagers. Il a été inauguré en 2004.

De l'autre côté du Douro se trouve la ville moderne Vila Nova de Gaia (16-21) : C'est de ce côté que nous avons choisi de déjeuner pour ne pas être en plein soleil. Mais finalement à l'ombre il faisait un peu frisquet et j'ai accepté volontiers la couverture que le restaurant, prévoyant, proposait à ses clients (17-18) ! Nous n'avons même pas visité de cave...
Quelques rabelos chargés de tonneaux de Porto (19-21) sont là pour nous rappeler que de ce coté-ci du Douro, ce sont les caves des vins de Porto. Car si les vignes sont à une centaine de km, près de Régua, en remontant la vallée du Douro, c'est ici que le Porto vieillit en cave (un rabelo est une d'embarcation à fond plat, sans quille et doté d'un mât portant une voile carrée. Ces bateaux ont été utilisés dès le XIIIe siècle sur le Douro pour le transport du vin).

Nous avons pris le téléphérique aperçu sur la photo 15 pour rejoindre le deuxième niveau du pont Dom Luis : de là nous avions une vue magnifique sur le Douro, les bateaux, les ponts, la ville de Porto en face (22-29), mais ça ne durait pas longtemps (pas plus de 4 min) ! En montant dans la cabine, on nous a pris en photo, et une fois arrivés en haut, on nous proposait déjà notre portrait ! (30). Nous l'avons pris, ça nous fera un souvenir...
Nous sommes arrivés au niveau du Monastère da Serra do Pilar (31), un ancien couvent construit entre 1538 et 1670. En 1832, lors du Siège de Porto, le couvent fut transformé en forteresse improvisée. Au début du XXe siècle, il devint Caserne des Troupes.
De là nous avons pu nous balader sur le deuxième étage du pont Dom Luis, et prendre encore quelques magnifiques photos (32-33), à peine séparés du métro par des petits piquets (34). Ici une vidéo de la vue du deuxième étage du pont et du monastère, je n'aurais pas fait mieux !
Puis nous sommes redescendus par le téléphérique où nous nous sommes fait tirer le portrait encore une fois ! Et nous sommes rentrés à notre hôtel en reprenant le Yellowbus. Encore une très belle journée !

 

Le Centre ville

Le tour de ville en Yellowbus nous avait permis de nous rendre compte que nous étions très bien placés pour visiter plein de choses à pied, nous en avons profité (voir carte du haut).

Nous avons commencé par la librairie Lello & Irmao ("Lello & Frère"), la cathédrale des livres de Porto (01-08) : de style néogothique, elle a été inaugurée en 1906. Considérée comme une des plus belles librairies au monde, la Librairie Lello a servi d’inspiration à JK Rowling pour écrire Harry Potter (JK Rowling a vécu à Porto 2 ans en tant que professeur d’anglais). La première chose qu’on remarque, c’est l’imposant escalier double en bois dont les marches sont recouvertes d’une laque rouge carmin (03). On remarque aussi les rails au sol (04) qui permettaient autrefois de transporter les livres d’un bout à l’autre de la librairie, dans de petits wagonnets. Les vitraux, verrières, candélabres, plafonds sculptés sont très travaillés (05-07). Le vitrail au plafond (06) représente un forgeron avec la devise "Decus in labore" qui signifie "Honneur dans le travail".

L'Eglise des Carmes (Igreja do Carmo : 09-10) a été construite au XVIIIe siècle dans le style baroque rococo (16). Elle se trouve en face de la Fontaine aux Lions (11-12). La façade latérale est recouverte d'une immense composition d’azulejos dessinés en 1912 par Silvestre Silvestri (13-14). Sur la façade (15), on voit très bien, à droite, l'Eglise des Carmes séparée de l'Eglise des Carmélites, à gauche, par une petite "maison" d'un mètre de large, en raison d’une loi qui interdisait deux églises d’avoir des murs mitoyens. L’église do Carmo avait été bâtie pour les frères Carmes, tandis que sa jumelle avait été bâtie pour les soeurs carmélites.

Devant l'Eglise des Carmes se trouve le Jardim de la Cordoaria (17-19), ainsi nommé parce que s'y trouvait un établissement de cordeliers. C'est un parc assez grand avec une abondante végétation, des bancs, des statues (18-19), un bassin avec une fontaine ornementale et diverses sculptures comme le monument dédié à Ramalho Ortigão (20), un écrivain portugais (1836-1915), ou celui qui commémore les martyrs de la patrie, comme l'évêque de Porto, Dom António Ferreira Gomes (21) qui eut le courage de critiquer la politique de la dictature salazariste et le paya par l'exil (1906-1989).

Au bout du Jardim de la Cordoaria, on arrive à la Torre dos Clerigos (Tour des Clercs). La Torre dos Clerigos (22-23), d’une hauteur de 76 mètres, était le plus haut édifice du Portugal au moment de sa construction (entre 1754 et 1763), et c’est toujours le plus haut clocher du pays. Elle a longtemps servi de phare pour les navires rentrant au port de Porto, depuis elle offre un très beau panorama sur la ville (pas eu le courage de monter)... L’Eglise des Clercs (24-25) est une authentique œuvre baroque du XVIIIe siècle. L’intérieur (26-29), en granit et en marbre, est revêtu de bois sculpté doré baroque. Elle fait face à l'Avenue dos Clerigos (30) où on retrouve encore des specimens d'azulejos (31).

Puis nous remontons l'Avenue dos Aliados (32) vers notre hôtel. Le monument dédié à Pierre IV du Portugal (Monumento a D. Pedro IV) est situé en bas sur la Place de la Liberté (Praça da Liberdade : 33-34). Pierre IV de Portugal était aussi Pierre Ier du Brésil (c'est compliqué comme histoire)... La statue de bronze a été réalisée par le sculpteur français Célestin-Anatole Calmels. Elle mesure 10 mètres de haut et pèse cinq tonnes. Pierre IV porte l'uniforme du cinquième régiment de chasseurs, dans la main droite il tient la Charte Constitutionnelle de 1826.
Dans le piédestal, deux bas-reliefs représentent deux scènes de la vie de Pierre IV : ceux d'origine en marbre de Carrare ont été volés, ils sont maintenant en bronze. Celui que l'on voit (34) représente le débarquement de MindeloPierre IV donne le drapeau à Tomás de Melo Breyner. Le deuxième montre la livraison du coeur de Pierre à Porto (pas bien éclairé, pas photographié).
L'Avenue est très large, c'est un lieu de promenade, comme les Ramblas ou les Champs Elysées. On peut s'asseoir, il y a des bancs, des statues (35-37), elle remonte jusqu'à l'Hôtel de Ville (38-39).

L'Eglise Santo António dos Congregados (40-43) a été construite à la fin du XVIIe siècle sur le site d'une ancienne chapelle dédiée à Saint Antoine de Lisbonne. En haut de la façade de style baroque est creusée une niche qui abrite une statue de Saint-Antoine (42). Les carreaux d'azulejos de Jorge Colaço ont été rajoutés plus tard au XXe siècle.
Au bout de la rue on voit l'Eglise Saint Ildefonse (44-45). Construite dans un style proto-baroque, elle a été terminée en 1739. Elle est nommée en l'honneur d'Ildefonse de Tolède, évêque de Tolède de 657 jusqu'à sa mort en 667, sa façade est aussi couverte d'azulejos.

A côté de l'Eglise dos Congregados se trouve la Gare ferroviaire de Porto-São Bento (46-49). Elle a été construite sur les ruines de l’ancien couvent de Saint-Benoît d’Ave Maria et mise en service le 8 novembre 1896. En 1916, le hall (50) fut entièrement décoré avec plus de 20 000 carreaux de faïence de Jorge Colaço. On y voit par exemple :

La Cathédrale Sé (55-71) de Porto est une église forteresse du XIIe siècle de style roman, elle a été remaniée aux XVIIe et XVIIIe siècles. Devant on trouve la statue de Vímara Peres, seigneur de guerre chrétien du IXe siècle (55-56). De là on a une belle vue sur l'Hôtel de Ville (55) et sur la Torre dos Clerigos (57). Sur le parvis on peut voir une colonne de pierre torsadée : le Pilori ("pelourinho" en portugais, 61). Historiquement, les piloris étaient des colonnes publiques où l’on exposait les condamnés à la honte publique. Celui-ci est très bien conservé, il servait autrefois à montrer l’autorité judiciaire de la ville. Aujourd’hui, il symbolise plutôt la mémoire collective et l’histoire judiciaire du Portugal.
Le cloître avec ses azulejos est remarquable (64-71). Evidemment on n'a pas échappé à la photo (67)...
Ici u
ne petite vidéo de la Cathédrale.

On ne peut pas être à Porto sans aller se balader dans la rue commerçante très célèbre, en partie piétonne : la Rua de Santa Catarina (72). Elle tire son nom de Catherine d'Alexandrie (Sainte Catherine, vierge et martyre, qui aurait vécu au début du IVe siècle). Elle était honorée dans une chapelle à cet endroit, aujourd'hui remplacée par la Chapelle des Ames (Capela das Almas : 73-75).
Son tracé, d'une longueur d'environ 1,5 km, apparaît dès le XVIIIe siècle. Elle est orientée sud-nord, elle est très animée. La Rua de Santa Catarina accueille, surtout dans sa partie basse, de nombreuses enseignes internationalement connues (vêtements, chaussures, luxe, etc.).
Impossible aussi de passer devant le Majestic Café (76) sans entrer. C'est un café historique ouvert le 17 décembre 1921. Il a été immédiatement associé à une certaine fréquentation chic de la ville et à la splendeur de la Belle Époque. Imaginé par l'architecte João Queiroz, il reste comme l'un des exemples les plus beaux et représentatifs de l'Art nouveau de la ville. L'imposante façade en marbre ornée de motifs végétaux (77) est bien celle de l'époque. A l'intérieur tout est Art nouveau : les sièges en cuir, les tables, les lustres ainsi que les images des colonnes entre chaque miroir, sans oublier les peintures du plafond (78-80). C'est chaleureux, on s'y sent bien !

A proximité immédiate de la Rua de Santa Catarina se trouve le Mercado do Bolhão, un des plus importants marchés de Porto. Construit en 1914 pour regrouper les commerçants qui jusqu’ici vendaient leurs produits dans différents endroits de la ville, le Mercado do Bolhão reste un endroit incontournable, même si l’édifice était dans un état de délabrement avancé quand nous y sommes allés (81). En 2018, après des années de débat sur son avenir en raison de la détérioration des conditions, le marché a finalement été fermé pour d’importants travaux de rénovation visant à préserver ce point de repère historique tout en modernisant les installations. Ces rénovations ont été achevées en 2023 (82).
Le bâtiment de deux étages (89-91) abrite de nombreux étals de produits frais comme des fruits, des légumes et même des fleurs (83-88), ainsi que des poissonniers qui proposent des prises quotidiennes provenant directement de la plage de Matosinhos, située à proximité. Les boucheries vendent différentes coupes de viande tandis que les boulangeries proposent des pains et des pâtisseries fraîchement sortis du four tous les jours. En outre, le marché compte plusieurs petits restaurants où on peut s'asseoir pour prendre un repas. Ils proposent une cuisine portugaise familiale : des plats simples mais délicieux préparés avec des ingrédients frais provenant directement du marché.

Nous nous sommes arrêtés aussi sur la Place de Mouzinho de Albuquerque, plus au nord, mieux connue sous le nom Rotunda da Boavista : la Rotunda da Boavista est une vaste place circulaire (200 m de diamètre), la plus grande place de Porto. Le terre-plein central, qui couvre la plus grande part de la superficie, est organisé comme un jardin d'arbres et d'arbustes. Au centre de ce jardin se dresse le Monument aux héros de la guerre péninsulaire (92-93), œuvre de l'architecte José Marques da Silva et du sculpteur António Alves de Sousa. C'est une haute colonne surmontée d'un lion (symbolisant l'Angleterre qui a envoyé des troupes pour soutenir les Portugais) avec les pattes posées sur un aigle (symbole de l'Empire Napoléonien, défait lors de ce conflit). Huit avenues ou rues débouchent sur cette place.
Au nord-ouest de la place se trouve la Casa da Música (94-95), salle de concert inaugurée en 2005.
C' est une salle de spectacle qui héberge les trois orchestres Orquestra Nacional do Porto, Orquestra Barroca et Remix Ensemble. Incluant deux salles de concert et 9 étages, la Casa da Música est taillée dans un volume simple de béton et de verre et affiche ainsi des formes contemporaines.

Nous avons fait ça à pied, sur 2 jours, en nous servant des idées que nous avions prises en faisant le tour de la ville en bus. C'était très intéressant et agréable, nous étions très contents.

 

Croisière sur le Douro

Nous avons réservé une croisière sur le Douro à l'hôtel. Ca prend la journée : on part le matin en autocar jusque Regua (environ deux heures de route), on arrive en fin de matinée sur les quais de Regua (Cais da Régua). On embarque, on déjeune à bord et on descend tranquillement le Douro jusque Porto en passant 2 barrages et 2 écluses (arrivée vers 18h). Voir le plan de la descente ci-dessous.

Notre bateau s'appelait le Via D'Ouro (01-03), c'est un ancien "rabelo" (voir ci-dessus) d'une longueur de 37 mètres, construit en fer et recouvert de bois au-dessus du niveau de l’eau. Il peut accueillir 225 personnes et dispose d’une zone couverte de 120 places pour les repas, mais nous n'étions pas plus d'une quarantaine.
La salle du déjeuner est prête, avec notre place réservée (05-07), le menu était simple mais très correct : soupe, rôti de porc, pommes de terre rôties, riz et salade/légumes sautés, dessert, boissons incluses (eau et vin). Evidemment, on n'a pas pu échapper à la photo (08-10) !... Tout ça en descendant le fleuve tranquillement (11-16).

On arrive au barrage Carrapetelo (17-19), premier barrage construit sur le tronçon national du fleuve Douro, inauguré en 1972, composé de 6 grandes vannes. C'est le barrage qui a le plus grand dénivelé : 35 mètres. Le passage de l'écluse (20-29) est impressionnant, il prend 30 minutes. Les portes ne sont pas à double battant comme en France, mais elles montent et descendent comme une guillotine (comme vu en Russie en 2010). On peut le voir dans cette vidéo.

On quitte le barrage de Carrapetelo dans les remous (30-31) et deux heures plus tard on arrive au barrage de Crestuma-Lever (32). Sa construction a commencé en 1976 et s'est achevée en 1985. L'écluse de Crestuma-Lever peut accueillir des navires de 83 m de longueur, 11.40 m de largeur, 3.8 m de tirant d'eau et une capacité de chargement de 2500 tonnes. Le passage de l'écluse (33-37) nous fait perdre 13,9 mètres de dénivelé (vidéo ici).

Adieu le barrage de Crestuma-Lever (38-39), on arrive aux abords de Porto (40) vers 17h30. Aïe, nous avançons vers les nuages, l'entrée dans la ville se fait sous un ciel gris et triste. Nous passons le Pont du Freixo (41), les Ponts de São João, de Maria Pia (42), le Pont de l'Infant Dom Henrique (43) et le Pont Dom Luis (44) dans la brume.
Nous avons débarqué sur le quai de la Ribeira à 18h, comme convenu
. Il n'y avait plus qu'à rentrer à l'hôtel, nous pouvons dire que nous avons passé une très belle journée, saus un beau soleil (sauf la dernière demi-heure). Nous avons fait 3 vidéos : 1, 2 et 3 (on entend bien le vent hein !)..

Les ponts sont au nombre de 6 à Porto. En descendant le Douro vers l'embouchure (Foz), on les trouve dans cet ordre :

  1. Ponte do Freixo (45a et b) : c'est le plus en amont du fleuve. Il a été construit pour tenter de minimiser les embouteillages sur les ponts Arrábida et Dom Luís I.
    Inauguré en 1995, c'est le plus récent. En réalité, ce sont 2 ponts de 4 voies chacun, séparés seulement de 10 centimètres l'un de l'autre, sur leurs 750 mètres de longueur.
  2. Ponte de São João (ou Pont Saint Jean, 46) : conçu par Edgar Cardoso, il a été inauguré en 1991 pour remplacer le Pont ferroviaire Maria Pia, centenaire, qui avait une voie unique et des limitations de charge et de vitesse.
    En béton armé peint en blanc, il n'a pas d'arc, mais un portique multiple continu, reposant sur 2 piliers, dont la base se trouve dans le lit du fleuve.
  3. Ponte Maria Pia (47) : c'est le plus vieux (1877). Sa structure en fer forgé est l'œuvre de Gustave Eiffel et de son disciple Théophile Seyrig. C'était un pont ferroviaire à voie unique : un seul train pouvait passer à la fois, à une vitesse et avec des charges très limitées.
    Long de 352 mètres et haut de plus de 60 mètres, c'est le plus haut. Il ne faut pas le confondre avec le Pont Dom Luis qui lui, a 2 étages : un pour les voitures et un pour le métro (vu plus haut). Le Pont Maria Pia est aujourd'hui hors service.
  4. Ponte Infante Dom Henrique (48) : c'est le plus récent (inauguré en 2003, conçu par Adão da Fonseca). Nommé en l'honneur de l'Infant Don Henri (1394-1460), il a été construit pour remplacer le tablier supérieur du pont Dom Luís I, utilisé par le métro. C'est un pont routier en arc de 370 mètres de long, 20 mètres de large, avec 4 voies de circulation.
  5. Pont Dom Luís I (49) : c'est le plus ancien pont encore en activité, conçu en hommage au roi Luis Ier. Sa structure métallique fut construite de 1881 à 1888 par Théophile Seyrig, disciple de Gustave Eiffel, pour remplacer le "pont Pênsil", premier pont métallique inauguré en 1842, démoli en 1887.
    C'est le plus emblématique et le plus célèbre, long de 395 mètres et large de 8 mètres. Avec ses 2 tabliers il permet le passage des voitures, des piétons et du métro (je l'ai souvent pris en photo !).
  6. Ponte da Arrábida (50) : conçu par Edgar Cardoso et construit en béton armé, il fut inauguré en 1963. D'une portée de 270 mètres, il s'élève à 65 mètres au-dessus du niveau de l'eau. C'est un pont routier à 6 voies traversé par l'autoroute A1. Les 2 piliers aux extrémités ont même fonctionné comme ascenseurs. Ils ne fonctionnent plus aujourd'hui mais depuis 2016 on peut monter les 262 marches jusqu'au sommet.

Comme le temps n'était pas formidable en rentrant de notre croisière sur le Douro, j'ai résumé ci-dessus les 6 ponts, avec quelques explications et des photos prises par beau temps.

 

La Fondation Serralves

En allant à la plage de Matosinhos, nous avions vu en passant qu'il y avait une Fondation Serralves sur le trajet. Nous nous étions arrêtés pour visiter mais hélas c'était fermé et ensuite nous avions dû attendre au moins 3/4 heure pour reprendre le bus suivant. Moralité : toujours se renseigner sur les horaires avant de vouloir visiter quelque chose...
Nous y sommes donc retournés un autre jour et nous avons bien fait. La Fondation Serralves (Museu de Arte Contemporânea de Serralves) est un musée d'art contemporain situé dans les jardins du Parque de Serralves, un parc de 18 hectares conçu en 1932 par l'architecte paysagiste français Jacques Gréber.

Si on n'aime pas trop l'art contemporain, on peut se contenter de visiter les jardins, c'est moins cher et c'est très agréable : calme, reposant, à l'ombre et parsemé de nombreuses oeuvres rigolotes.

Le projet du musée d'art contemporain, œuvre de l'architecte Álvaro Siza Vieira, a débuté en 1991, sa construction commence en 1996, le musée ouvre ses portes le 6 juin 1999, harmonieusement intégré aux espaces préexistants du Parc et de la Maison. Nous y avons visité une exposition de Joan Miró (13-15).

Nous avons continué notre visite du parc par l'arboretum (16-25) composé de 200 espèces, nous avons découvert des sortes de moulins à vent rigolos (26-28), sommes passés devant une Baigneuse drapée d'Aristide Maillol (29-30) avant d'arriver à la Roseraie (31-32), un peu fanée, hélas, nous étions en octobre.

la Casa de Serralves (Maison de Serralves, 33-35) est une villa située dans le parc de Serralves. Conçue par Carlos Alberto Cabral et réalisée par l'architecte José Marques da Silva dans le style "paquebot" entre 1925 et 1944, la Maison est considérée comme l'exemple le plus notable d'un bâtiment Art déco au Portugal et a été classée bien d'intérêt public en 1996 en raison de son architecture originale.
En partant de la villa, le parterre central (35-37) descend le long d'un axe de 500 mètres en direction du fleuve Douro, avec à son extrémité un escalier menant à un lac romantique (38-40) situé sur un versant inférieur. Retour vers la maison avec une vue panoramique sur le parterre central et ses bassins en enfilade (41-42).

J'ai vu que le parc propose maintenant la Promenade des Cimes, une passerelle surélevée qui rapproche les visiteurs des cimes des arbres. Elle fait 260 mètres de long et va de 1.5 mètres de hauteur… à plus de 15 mètres ! Petite vidéo ici (n'existait pas en 2016)... Encore une chouette journée !

 

Les différents moyens de transport

J'ai récapitulé ici tous les moyens de transport que nous avons vus et/ou utilisés :

 

Nous avons passé un excellent séjour, nous avons eu de la chance : l'hôtel était très sympa et bien placé, il a fait très beau, la ville est magnifique, nous ne nous sommes pas ennuyés une minute et nous avons vu de très jolies choses, nous avons très bien mangé (mise à part la petite hésitation du début) et les Portugais sont très sympas (mais leur langue est imprononçable)...